L'année dernière, au moment où la pandémie de Covid-19 prenait le monde de court, on essayait tous de s'adapter; de vivre plus ou moins "normalement". Mais les habitudes ont changé et Internet est devenu encore plus important pour communiquer, au regard de la distanciation sociale. C'est dans ce contexte que j'ai découvert les cours de danse en ligne que proposait Carine Bahanag. J'ai trouvé que c'était une super idée, parce que ça permettait de se détendre, et d'avoir une activité physique malgré les restrictions sanitaires. Grande passionnée d'art, Carine a également participé, entre autres, à la création d'une bande dessinée de science-fiction, MULATAKO. C'est avec beaucoup de plaisir qu'elle a accepté de répondre à mes questions, merci à elle💓
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1- Peux-tu te présenter ?
1- Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Carine Bahanag, j’ai 31 ans, je suis artiste autrice (scénariste et chorégraphe), doctorante en anthropologie de la danse travaillant sur les danses traditionnelles camerounaises et co-CEO d’une maison d’édition spécialisée dans les contenus illustrés d’inspiration africaine : Afiri Studio. J’ai depuis longtemps pris le parti de séparer ma vie privée de ma vie professionnelle, alors je n’en parle pas dans les médias.
2- Quel est ton parcours académique et professionnel ?
Mon parcours académique est assez atypique. Après l’obtention de mon Bacc A4 espagnol à 17 ans, je m’inscris en géographie à l’université de Yaoundé I, mais deux ans plus tard je suis bénéficiaire d’une bourse de formation qui me donne droit à un programme interculturel centré sur la modération et l’animation d’échanges interculturels en groupes restreints, formation qui se déroule entre l’Allemagne et le Cameroun, au sein du projet VéPik.
En 2010, je réussis le concours de l’ESSTIC et j’y ai suivi une formation en Communication des organisations et obtenu ma licence professionnelle en 2014. En parallèle, j’ai appris les danses sportives et effectué plusieurs compétitions de danse. J’ai remporté plusieurs distinctions et ai été sélectionnée à l’équipe nationale de danses sportives et assimilées. Je commence également à apprendre les danses traditionnelles camerounaises et obtiens un diplôme de formation délivrée par l’ancien chorégraphe du Ballet National Jean Louis Tamba.
Ensuite, avec ma licence professionnelle de l’ESSTIC, je m’inscris à l’Université de Yaoundé I et y soutient en master II en Arts du spectacle, précisément sur les danses traditionnelles du Cameroun. Depuis 2014, je crée et dirige la compagnie de danse Dzoe. Je mets également en place le concept "vacances en cadence", un stage de vacances artistiques pour enfants de quartiers difficiles de la ville.
En 2016, je suis recrutée à l’Institut Français du Cameroun (IFC) site de Yaoundé en tant que chargée de la programmation culturelle, ensuite chargée de communication. Mais mon désir de reprendre des activités artistiques et de recherches me poussent à quitter l’IFC pour entamer un doctorat en anthropologie de la danse à l’École Pratique des Hautes Études de Paris, travaillant toujours sur les danses traditionnelles camerounaises.
Aujourd’hui, j’ai co-fondé une entreprise d’édition, et publié une bande dessinée, Mulatako tome 2 en tant que scénariste. Je suis contente que la créatrice, porteuse du projet et illustratrice de ce Tome 2, Reine Dibussi, ait eu confiance en moi et m’ait accueilli dans l’équipe. J’ai été contactée récemment par une grande agence littéraire en France et je fais partie du catalogue de leurs artistes autrices. J’ai plusieurs projets sur le feu, mais je ne peux pas encore vous en parler, mais j’attends impatiemment de pouvoir le faire.
3- Qu’est-ce qui t’a poussé à t’intéresser à l’art ?
J’ai toujours été intéressée par l’art, mais ce que je ne savais pas c’est que j’en ferai mon métier.
Ma mère nous a toujours acheté des livres illustrés et des BD dans notre enfance. Au lycée, dès la sixième, je lisais tout ce qui me passait par la main. Je faisais partie des rares élèves qui fréquentaient assidument les bibliothèques de chacun des établissements secondaires ou j’ai été inscrite. Je lisais et j’écrivais aussi beaucoup : de la poésie, des nouvelles et plus tard du théâtre pour adultes et enfants. A mon entrée à l’université, j’ai fait un an au club des Arts plastiques, un an au club musique ou j’ai appris les bases de la guitare classique et la guitare bass. J’ai également appris la danse. Les danses sportives dans un premier temps et les danses traditionnelles.
Ma mère nous a toujours acheté des livres illustrés et des BD dans notre enfance. Au lycée, dès la sixième, je lisais tout ce qui me passait par la main. Je faisais partie des rares élèves qui fréquentaient assidument les bibliothèques de chacun des établissements secondaires ou j’ai été inscrite. Je lisais et j’écrivais aussi beaucoup : de la poésie, des nouvelles et plus tard du théâtre pour adultes et enfants. A mon entrée à l’université, j’ai fait un an au club des Arts plastiques, un an au club musique ou j’ai appris les bases de la guitare classique et la guitare bass. J’ai également appris la danse. Les danses sportives dans un premier temps et les danses traditionnelles.
Cet art m’a happé et je m’y suis engagée corps et âme, ne me contentant pas seulement de la pratiquer, j’avais besoin de plus. Je voulais comprendre quand, comment, par qui et pourquoi ces danses existaient. J’ai donc entamé des recherches en arts du spectacle, puis en anthropologie de la danse. En parallèle, l’écriture a continué à m’accompagner.
Au départ, je pensais que l’omniprésence de ces arts ou de l’Art dans ma vie était la recherche d’un refuge, mais j’ai compris plus tard que c’était la recherche de ma propre voix comme ma voie. Mon moyen de partager ma perception de cette existence que nous partageons.
Au départ, je pensais que l’omniprésence de ces arts ou de l’Art dans ma vie était la recherche d’un refuge, mais j’ai compris plus tard que c’était la recherche de ma propre voix comme ma voie. Mon moyen de partager ma perception de cette existence que nous partageons.
4- Parle-nous de ton projet de cours de danse en ligne que tu as lancé en avril 2020…As-tu d’autres projets dans ce sens ?
Ce projet avait autant un objectif thérapeutique d’artistique. Cette période pendant laquelle le monde vivait un moment inédit de l’histoire de l’humanité, de nombreuses personnes ont sombré dans la dépression ou étaient en voie de le faire. Le confinement était particulièrement difficile à vivre dans les pays comme la France où je vis, et cette privation de liberté jumelée à l’incertitude du sort de la planète, du fait de revoir les proches étaient trop intenses négativement.
Ce projet était ma participation pour permettre aux personnes de s’évader, d’apprendre de nouvelles choses, de se connecter d’une nouvelle façon. Je voulais que cela profite au maximum de personnes, raison pour laquelle je l’ai fait gratuitement.
5- Alors tu as également travaillé sur une bande dessinée, Mulatako. Comment est né ce projet, et qu’est ce qui t’a motivé à y participer ?
Le projet à la base a été pensé par Reine Dibussi. Elle a conçu l’idée originale et la première trame de l’histoire pour les 4 tomes qu’elle compte produire. Sur cette base, elle a écrit, illustré et auto-édité le tome 1. Par la suite, ayant lu les écrits que j’avais produits pendant les 4 éditions de vacances en cadence (dont je parle plus haut) elle a apprécié ma façon d’écrire du théâtre pour les enfants et m’a proposé de rejoindre l’équipe Mulatako en tant que scénariste. J’avais adoré l’histoire, j’étais bluffée par la qualité du tome 1, donc j’ai accepté avec plaisir !
Rejoignant l’équipe, j’avais également mes propres idées sur l’évolution de l’histoire. Nous avons donc commencé par retravailler ensemble la trame et l’histoire sur les 3 tomes à venir. Une fois que nous nous sommes entendues, j’ai procédé à l’écriture du scénario du tome 2. Actuellement j’ai déjà entamé l’écriture du scénario du tome 3 et espère finir le quatrième pour la fin de cette année.
6- Peux-tu nous raconter l’histoire de la bande dessinée, nous présenter l’univers, le nombre de tomes déjà disponibles, les produits dérivés…
Jéméa, une enfant Esprit de l’eau Jengu, apprend qu’elle doit redoubler sa classe à la Pamba, l’école d’initiation du monde des esprits de l’eau, le Ndimsi. Au même moment, le Haut Conseil des Chef·fe·s décide d’exterminer les élèves et enseignant·e·s de l’école. Mais Jéméa, sa famille et ses ami·e·s ne comptent pas se laisser faire.
Mulatako (qui signifie «Union») est une série de Bande Dessinées en quatre volets, inspirée du mythe de Mami-Wata. Encore appelé·e·s Miengu dans les croyances du grand groupe Sawa au Cameroun, ce mythe est aussi commun à plusieurs peuples africains et afrodescendant·e·s. Actuellement, deux tomes sont déjà disponibles à la vente, au Cameroun et dans le reste du monde. Sur le site de la maison d’édition Afiri Studio, vous pouvez également trouver des T-shirts et de posters des personnages principaux.
7- Quelles sont les outils/méthodes/applications que tu utilises pour t’organiser au quotidien ?
J’utilise en priorité un agenda papier. Ensuite un agenda électronique. J’utilise par ailleurs un outils appelé Trello, c’est une plateforme en ligne avec une version gratuite qui permet d’organiser son temps et d’avoir une vue d’ensemble sur les activités, les échéances, les collaborations des projets sur lesquels on travaille. J’utilise également un système de couleurs et des post-it pour ranger les activités
par secteur.
par secteur.
8- Sachant que ce n’est pas toujours évident, comment trouves-tu l’équilibre entre tes multiples activités et ta vie privée ?
Ce n’est pas facile tous les jours. Il y a des moments ou des choix difficiles doivent être faits et chaque choix est autant une nouvelle voie qu’une renonciation.
Ma plus grande force est également ma plus grande fierté : une famille qui me soutient et qui m’a
toujours soutenu dans tous mes projets.
10- Quand tu ne travailles pas, quels sont tes loisirs ?
Les séries et les films, la lecture, le vélo et les rollers.
11- Quel regard portes-tu sur la place de la femme dans le milieu de l’entrepreneuriat, en termes de visibilité et de crédibilité ?
Contrairement à ce que l’on pense, les femmes ont toujours été parmi les personnes les plus entreprenantes au Cameroun. Il n’y a qu’à voir qui investit dans le secteur informel (Bayam-sallam, call box etc…). Ce qui manque surtout c’est l’accompagnement déjà de ces femmes dans le secteur informel, mais encore plus dans les secteurs formels. Il y a encore énormément de travail à faire à ce niveau. Il y a des stratégies à mettre en place déjà pour accompagner les femmes à s’y essayer.
Mais je dois également reconnaitre que depuis ces deux dernières décennies, les femmes investissent de plus en plus des secteurs qui ne leur étaient pas accessibles, se battent de plus en plus dur et obtiennent des résultats. Il est donc important de soutenir, chacune à son niveau, les projets d’autres femmes par les moyens qui nous accessibles : le relai du travail, la collaboration, le financement…
12- Où/ comment peut-on se procurer la bande dessinée Mulatako ?
Si vous êtes au Cameroun :
- Librairie des peuples noirs à Yaoundé
- Site internet : www.waandacomics.com
- Librairie des peuples noirs à Yaoundé
- Site internet : www.waandacomics.com
Si vous êtes en France ou ailleurs dans le monde :
- Site internet de Afiri Studio : www.afiristudio.com
- Site internet de notre partenaire et distributeur :
www.laboutiqueafricavivre.com
Retrouvez Carine sur Instagram: Carine Bahanag