Are you an Object or a Brain?
Il y a quelques jours, je passais devant la vitrine d’un magasin dans la zone dite « Montée-Anne rouge ». Ou mes yeux cherchaient quoi oh je ne sais pas. Toujours est-il que j’ai aperçu un mannequin portant de la lingerie très (très) fine, mettant en exergue des formes féminines de manière explicite. Ok c’est vrai, c’est un mannequin inanimé, qui n’a pas vraiment d’ « intimité » ; bref un objet quoi. Sauf que cette image m’a rappelé une thématique plus qu’actuelle : l’hypersexualisation de la femme dans la société et les médias.
Sur son site web, le Centre de documentation sur l’éducation des adultes et la condition féminine (CDÉACF) au Canada a présenté un dossier spécial sur l’hypersexualisation des femmes et des jeunes filles, considéré comme « un phénomène de société préoccupant ». Plusieurs définitions sont données à l’hypersexualisation, mais ce qui a retenu mon attention c’est ce passage :
« Elle se caractérise par un usage excessif de stratégies axées sur le corps dans le but de séduire et apparaît comme un modèle de sexualité réducteur, diffusé par les industries à travers les médias, qui s'inspire des stéréotypes véhiculés par la pornographie : homme dominateur, femme-objet séductrice et soumise ».Femme-objet. C’est cette image qui est ancrée dans différentes industries : la musique, le cinéma, le marketing, etc. Quand j’étais plus jeune, j’étais toujours surprise de voir que dans les clips des américains, les femmes étaient toujours plus légèrement vêtues que les hommes. Que le clip soit tourné à la plage ou dans un chalet (en plein hiver), les femmes sont régulièrement en bikini ou d’autres tenues légères. Aujourd’hui ça n’a pas vraiment changé, au contraire. Même dans les clips africains, c’est devenu une habitude. On ne voit quasiment que ça. Plus l’anatomie est dévoilée, mieux c’est. Quelqu’un m’avait expliqué que « c’est parce que le corps de la femme est plus beau, plus esthétique que celui de l’homme ». Bon je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je ne commenterai pas.
Un autre passage de ce dossier qui m’a intéressé :
« Les jeunes filles ainsi que les adolescentes subissent quotidiennement les pressions des médias et de leur entourage. Le message qui leur est transmis est clair : elles doivent être belles, sexy et disponibles sexuellement. Plusieurs sont ainsi amenées à croire que leur seul pouvoir réside dans leur apparence, et elles feront des efforts quotidiens pour accéder à ce modèle de femme physiquement parfaite et sexy. En misant sur le paraître, les jeunes filles deviennent dépendantes de l’appréciation des autres et, par le fait même, fort vulnérables avec des conséquences néfastes sur leur santé mentale » (Poirier. L; Garon. J, 2009, RCALACS).Une fois, un ami m’a dit : « Tu as sûrement raison de t’indigner en ce qui concerne les femmes dévêtues dans les vidéo clips mais personne ne force ces femmes à s’habiller ainsi ». Il n’avait pas totalement tort. Beaucoup de femmes et de jeunes filles obéissent, consciemment ou non à ce dictat et acceptent de passer pour des objets sexuels. Ce message à peine voilé véhiculé par les médias et la société qui suppose que la femme doit d’abord être belle accentue, à mon avis, les inégalités dans les rapports femmes-hommes. Parce que la valeur de la femme est réduite uniquement à son apparence physique et à sa capacité à séduire. Cliché. Et parfois, ça commence au sein des familles où les parents et autres proches transmettent cette image aux enfants. Et ça ne favorise pas la confiance en soi, parce qu’on vit ainsi en fonction du regard des autres.
Dans sa chanson Pretty hurts, la chanteuse Beyoncé décrie cet état des choses :
Brush your hair, fix your teeth"Mama said you’re a pretty girl;what’s in your head, it doesn’t matter.
En clair, les filles soyez belles, les garçons soyez intelligents. Et ce qui est un peu dommage à mon avis, c’est que certaines femmes participent elles-mêmes au maintien de ce genre de stéréotype comme celui dont j’ai parlé dans un précédent article.What you wear is all that matters"
Ce qui est rassurant néanmoins, c’est que parallèlement à cela, il y a des femmes qui sortent de ce conditionnement et font valoir leur intelligence à côté du physique. Des femmes à travers l’histoire, qui inspirent, qui innovent, qui changent le monde à leur niveau et à leur façon. Beaucoup d’objets que nous utilisons aujourd’hui, comme le lave-vaisselle, la scie circulaire ou le correcteur liquide ont été inventés par des femmes. Oui, les femmes accomplissent des choses extraordinaires, dans plusieurs domaines différents.
Le problème est que ce n’est pas ce genre de modèle qui est souvent valorisé et présenté aux jeunes filles, que ce soit à travers les médias traditionnels ou les réseaux sociaux. On est susceptible d’avoir plus de likes quand on poste une photo avec le maximum de peau visible. Attention, je ne suis pas contre ce genre de post ; chacune a une confiance et un rapport différent à son corps et est libre. Vouloir être belle et sexy n’est pas un problème en soi, et je suis pour le « body positive ».
Seulement, ce que je veux dire, c’est que la femme c’est plus qu’un joli corps. Et qu’il faudrait qu’on l’apprenne dès le bas âge, pour que chacune soit consciente qu’elle a un potentiel qui va au-delà de l’apparence. Bien au-delà.
Zuzus
2 commentaires
Very good message. 100% d'accord.
RépondreSupprimerThanks Angie🤗😉
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