Justice, vindicte : judiciaire ou populaire ?

- août 17, 2022

 

 Loïc, c’est un vieil ami qui m’a appris à jouer au solitaire à minuit. Je le cite, parce qu’il a participé, il y a deux mois, à la 2ème édition d’un "jeune" concours au Cameroun appelé Procès Simulé. Edition placée cette fois-ci, sous le thème du « déguerpissement ». Etèki a alors eu le plaisir de remettre le prix du mérite au numéro 2 de la compétition qui a convaincu le jury de la pertinence de son plaidoyer en défaveur des familles déguerpies. Bien évidemment, des familles fictives dans une localité fictive d’un pays fictif. Le déguerpissement en question est fictif comme tout le reste. Procès Simulé, c’est juste un exercice pour aider les étudiants en droit à allier théorie et pratique. 
 
Loïc est comme Ludovic qui est comme Fabrice. Le premier à l’Ouest, le deuxième dans le Littoral et le troisième au Nord-Ouest. Tous les trois « amis » de longue date, bien avant de devenir pairs après les « amphis ». Oui… de longue date ! Assez loin en tout cas dans mes souvenirs qui me reviennent à force d’écrire. Je revois leurs photos d’étudiants et l’époque me paraît bien ancienne quand la caméra se braque aujourd’hui sur eux, en tant qu’hommes de droit, devant appliquer « la loi ». Pas toujours facile dans la vraie vie où les procès s’enchaînent au rythme des chaînes de laines qui s’entremêlent. 

En privé, rien n’a changé. Je vous souhaite en passant d’avoir des Fabrice, Loïc, Ludovic comme amis. Mais en public, il faut juger. L’enjeu, c’est de juger juste. Le décor de la Cour impressionne. L’accusé et la défense mettent la pression. Les avocats assaisonnent. Les témoins et les preuves conditionnent. Le public frissonne. Et à la fin, le verdict raisonne. Mais qui jubile ? Le vrai coupable ou la fausse victime ? Le faux innocent ou la vraie victime ? 

La loi, c’est un couteau à double tranchants et certainement pas un jouet pour enfants. Elle rend le temps triste, de sa couleur jaune-rougeâtre un peu bizarre et subite en pleine journée, pour celui qui se sait innocent mais que toutes les preuves finissent par condamner en fin de soirée. Elle rend le temps gris, dans sa représentation la plus sombre avant la pluie, pour celui qui se sait victime, mais dont les bourreaux finissent pas échapper aux barreaux. 
 
Trancher avec la loi, ne va pas toujours de soi. Il faut « sciencer », questionner, analyser, et « sciencer » encore. Pour ne pas déclarer l’innocent coupable et le coupable innocent, il faut viser juste. 
 
Dans le réel, les vrais juges le savent. Dans le fictif, les faux l’ignorent. Les vrais travaillent pour la justice, les faux pour l’audience. Les vrais sont dans des tribunaux, les faux sur les médias sociaux. On les découvre de plus en plus à la sortie de chaque nouvelle affaire, scandale, dossier. Champions des épilogues sans enquête ni fondement, ils sont Youtubeurs, influenceurs, facebookeurs, whatsappeurs, devenus juges usurpateurs. Dans leurs tribunaux sociomédiatiques, les verdicts tombent assez vite, avant même que les procès ne commencent. Ils sont juges et parties, et incitent le public à détruire des vies. Quand ce n’est pas sur leurs « murs », c’est dans la rue. 

On m’a raconté l’histoire d’un homme, décédé pour avoir essayé de calmer son bébé dans son véhicule. La foule a pensé que la petite se faisait enlever, au moment où les crimes rituels faisaient la Une, cette année-là, dans ce pays-là. La vindicte populaire a tranché, en enlevant à cet enfant son papa bien aimé. A défaut de ne pas avoir la certitude de la vérité, n’est-il pas permis de douter ? Et si le doute est permis, pourquoi ne pas questionner ? Il aurait suffi de traîner injustement cet homme devant un représentant de la loi pour que le droit lui rende aisément justice. A la place, on lui a ôté la vie. 
 
C’est vrai, la plupart du temps, la justice judiciaire est lente. Souvent, la justice judiciaire se trompe. Mais toujours, la justice judiciaire est préférable à la vindicte populaire. Ça explique la mention spéciale aux juges dans le livre le plus vendu au monde de tous les temps. Googlelisez, vous verrez !
 
Moi, je dis « bon courage » aux vrais et honnêtes juges. Au moins ils ont un modèle : le Juge suprême de la Cour éternelle. A force de l’imiter, l’innocent sera consolé et le coupable corrigé. Pour ça, la société peut déjà compter sur Ludovic, Fabrice et Loïc. Eux et beaucoup d’autres, font de leur mieux pour que la justice ne soit pas une utopie.
 
Clap ou clac !
 
Feel Maria

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12 commentaires

  1. En vrai, bon courage aux vrais et honnêtes juges

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  2. Que du talent dans tes paroles Feelmaria ! Courage

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  3. Mon commentaire était déjà prêt dans un coin de mon esprit, mais à la fin, j’ai hoché la tête 👍😃👍.

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  4. Moi même j'avais déjà un commentaire déjà réchauffé quelque part dans mon cerveau mais finalement j'ai donné au lieu du commentaire les mains🙌💪

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  5. Grace demeure avec ces trois imitateurs de Christ +

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