C'est sur les bancs de l'école de journalisme que j'ai rencontré Inès, et je peux vous assurer qu'elle a toujours été dynamique, et surtout stylée😁. Installée aujourd'hui à Montréal, elle a fondé avec son frère Yvan basé à Paris, une marque de bijoux artisanaux: MadeinKamerun. Âgés respectivement de 29 et 33 ans, ils partagent la même vision: mettre en avant et valoriser le savoir-faire ancestral des artisans du Cameroun. Dans cet entretien, ils nous en disent plus sur leur marque, leurs passions et leurs ambitions....
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1- Quels sont vos parcours académique et professionnel...

Yvan:  Je suis ingénieur en informatique de formation, consultant dans les établissements financiers de profession et entrepreneur par passion.

Inès:  Aujourd’hui, je suis conseillère en communication numérique; et créatrice et éditrice de contenu. Avant ça, j'ai été reporter pendant 3 ans entre le Cameroun et la France.

2-  Qu'est ce qui vous a motivé à vous lancer dans une activité entrepreneuriale ?

 C’est un feu qui a toujours brûlé en nous de par les inspirations dans nos vies. Principalement notre mère qui est self-made woman et notre père qui a été un homme d’affaires en marge de ses positions salariées.


3- Quelles sont vos principales passions dans la vie?

Yvan:  Je suis un grand passionné de sport, principalement de basket, d’art contemporain africain et de musique.

Inès:  Moi je suis passionnée de musique, danse, et nourriture 😄

4- Concrètement, c'est quoi MadeinKamerun? Quels produits proposez-vous?

MadeinKamerun est une marque d’accessoires de mode faits main par des artisans camerounais, représentant notre culture, nos traditions mais également notre vision de la modernité et de la globalisation. Nous proposons des bijoux (bracelets et colliers) authentiques, originaux, faits à base de matériaux (pierres et bois) que l’on retrouve en Afrique centrale et qui ont une histoire et une utilisation traditionnelles dans nos diverses cultures.


5- Qu'est-ce qui vous inspire pour créer les bijoux, et quelles matières utilisez-vous ?

Nous prenons des bracelets classiques, créations originales des artisans de notre équipe et nous y apportons de légères modifications pour moderniser le design et le look-and-feel de la pièce. Les matériaux utilisés : différentes essences de bois (ébène, iroko, paddouk, pachyloba, wengue), pierres naturelles d’Afrique Centrale taillées et polies sous différentes formes (Agate, malachite, pierre de savon, pierre fleurie). Nous utilisons également un peu de plastique sur certains modèles et du fil de pêche professionnel pour l’agencement et le maintien des bracelets.
   
Nous avons récemment lancé une collection de pièces personnalisables et customisées avec des
matières précieuses et des pendentifs que les clients peuvent sélectionner.

6-  Comment se passe la collaboration frère-soeur? Avec qui d'autres travaillez-vous?

Yvan: C’est incroyable comment la synergie a pu se développer entre nous. Mais ce n’est pas surprenant car nous sommes presque comme jumeaux dans la vraie vie, même si nous avons 4 ans d’écart. Inès a la vision. Elle a eu la vision originale et elle continue de la développer. Elle s’occupe en plus de la communication et du marketing autour de la marque. Moi, je m’occupe de la logistique, du financement et de l’organisation.
Nous travaillons avec notre petit frère Pierre-Ferry qui suit les opérations au Cameroun.
Les artisans principaux avec lesquels nous travaillons : Awalou, spécialiste des bracelets et du bois. Il est aussi celui qui nous en apprend le plus sur l’histoire et les traditions autour de nos produits. Il y a également Oumar, un vétéran de l’artisanat, spécialiste des colliers et qui utilise les matériaux les plus originaux (os de bœuf, chrome, entre autres). Moustapha est notre bijoutier. Nous l’avons récemment ajouté à l’équipe. Il crée les pièces en argent et or que nous ajoutons aux modèles classiques dans notre offre de personnalisation.

Nous travaillerons bientôt avec d’autres artisans ou artistes joailliers camerounais dans le cadre de collaborations ponctuelles que nous appelons les collections éphémères.


7-  Quelles sont des difficultés que vous rencontrez depuis que vous avez commencé cette activité ?

On a eu du retard au démarrage, le temps de bien définir nos éléments de communication, notre cible et notre équipe. On a également une difficulté de perception des produits que nous proposons, de la part de personnes qui ne prennent pas le temps de comprendre et étudier le projet.
Mais nous accueillons cette difficulté comme un challenge et une opportunité d’éduquer les sceptiques non seulement sur le travail que nous abattons pour arriver à proposer ces produits mais aussi et surtout sur le respect que nous devons tous à ces hommes et femmes, nos compatriotes, qui participent à la pérennité de notre culture et de notre savoir-faire et notre savoir-vivre au travers de leur talent artistique. Ils le transmettent et le partagent avec volonté. Il suffit de prendre la peine d’écouter.

8-  Votre plus belle expérience en tant qu'entrepreneurs?

Yvan: La prochaine. Le plus intéressant dans l’entrepreneuriat selon moi est l’idéation et la phase de mise en place. C’est là que l’on laisse s’exprimer sa créativité et on ose rêver. C’est ça qui est beau.



9-  Quel est l'apport d'Internet et des réseaux sociaux dans la promotion de votre marque?

Notre entreprise est indissociable des réseaux sociaux et d’Internet à l’heure actuelle. L’essentiel de notre promotion se passe sur ces supports. Néanmoins, la majorité de nos ventes proviennent de ventes directes. Le contact humain et la transmission restent les arguments de vente les plus efficaces.

10- Que pensez-vous de cette difficulté qu'ont les femmes à se soutenir et s'encourager mutuellement ?

Yvan: Je ne peux pas réellement en parler. Mais si cela s’avère vrai, je trouve cela dommage.

Inès: Je pense que la société (essentiellement patriarcale) a toujours réussi à nous mettre en concurrence les unes contre les autres, et l'arrivée des réseaux sociaux n'a pas aidé. Du coup, bien qu'il y en ait qui se battent pour que nous agissions ensemble pour nos intérêts communs, cela reste difficile de croire que viendra un jour où nous nous soutiendrons réellement.

11- Que signifie réussir pour vous?

Se regarder dans la glace et savoir qu’on a donné tout ce qu’on avait et fait tout ce qui était en notre pouvoir pour atteindre les objectifs qu’on s’était fixés, réaliser les rêves que l’on faisait.


12- Quel est  votre rêve ? Où vous voyez-vous dans 5 ans? 10 ans?

Yvan:  En tant que marque, Madeinkamerun sera une marque reconnue dans le monde entier et vendue dans les plus grandes boutiques sur au moins 3 continents. Personnellement, je me vois comme acteur du financement des entreprises et des acteurs économiques contribuant au développement du Cameroun, voire de l’Afrique.

Inès:  Mon rêve à moi est de faire connaitre mon pays à travers notre marque, et de voir des milliers de personnes Noires porter nos créations fièrement pour revendiquer leurs origines. Nous ciblons aussi des personnes d'autres origines bien-sûr.
Sur le plan personnel, mon rêve est de retourner au Cameroun, monter mon propre business et vivre en paix non-loin de ma famille.

13-  Comment se procurer vos créations?

Elles sont disponibles via notre tout nouveau site internet Madeinkamerun.net. Il est également possible de vous contacter en envoyant un message privé sur nos différents réseaux sociaux :
@madeinkamerun sur Instagram, Twitter, Facebook, Snapchat et Tik Tok.

Retrouvez Inès et Yvan sur Instagram: MadeinKamerun