Priscille Atangana Mbida, Oser Entreprendre

- janvier 09, 2020



Les questions liées à l’entrepreneuriat m’intéressent depuis assez longtemps, et je suis toujours preneuse lorsque j’ai la possibilité d’apprendre un peu plus chaque jour. Quand je suis tombée sur la page Facebook La Boîte à Idées de PAM, j’y ai trouvé pas mal d’informations et d’astuces qui peuvent aider lorsqu’on veut lancer sa propre affaire. Derrière cette page ? Une jeune femme de 35 ans, Priscille Atangana Mbida (PAM 😊), qui a bien voulu m’expliquer plus en détails ses activités et ses motivations. Au fil de notre discussion, j’ai découvert une personne très ouverte et dynamique. J’ai beaucoup apprécié notre échange et je dois dire que j’ai même été édifiée sur certains points. J’espère que vous le serez aussi !
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Peux-tu nous raconter ton parcours académique et professionnel ?

J’ai commencé mes études supérieures à l’université de N’Gaoundéré, après deux ans j’ai obtenu mon DEUG (Diplôme d’Etudes Universitaires Générales). Ensuite, je suis revenue à Yaoundé où j’ai obtenu une maitrise en Economie de Gestion à l’Université Catholique d’Afrique Centrale. J’ai par la suite été embauchée comme Contrôleur de Gestion dans une structure publique, poste que j’ai occupé pendant 10 ans. Actuellement, je travaille dans la même structure en tant que chef de service du Budget et de la Dépense de fonctionnement. Parallèlement à cela, je prépare un Master en Corporate Finance à l’Ecole de Management de Lyon, et à l’heure actuelle j’attends les résultats et mon diplôme.

Tu es également une mère de famille…

Oui, je suis mariée et maman de quatre enfants ; deux filles et deux garçons de respectivement 10 ans, 5 ans, 3 ans et 3 mois.




© La Boîte à Idée de PAM

Qu’est ce qui t’a poussé à créer la page la Boîte à Idées de PAM ?

Pour bien expliquer, je vais faire un petit historique du projet. En fait j’ai créé la page il y a un peu plus de deux ans. A cette époque, je me suis rendue compte qu’il y avait très peu de pages dédiées à l’entrepreneuriat au Cameroun ou en Afrique. Quand j’ai commencé à m’intéresser à l’entrepreneuriat, je ne trouvais pas assez de ressources pour comprendre comment procéder pour créer des jus de fruits naturels par exemple ; quels conservateurs utiliser, etc. Donc à chaque fois que je me heurtais à une difficulté, je réfléchissais par moi-même. Et je trouvais cela presque scandaleux parce qu’en Occident par exemple, beaucoup d’informations sont rendues disponibles sur Internet. On vous dit de A à Z comment procéder, avec Youtube notamment où des chaînes proposent des tutoriels ; et les chaînes sur lesquelles j’ai trouvé des réponses à mes questions étaient quasiment toutes animées par des occidentaux qui parlent en fonction de leur propre contexte.

A partir de là, je me suis dit que je pouvais créer une page à travers laquelle je partagerai mes expériences, pour aider ceux qui voudraient faire la même chose que moi. C’est ainsi que j’ouvre La Boite à Idées de PAM. Au début, il n’y avait pas beaucoup d’affluence et la page a eu une période un peu morte, vu que je ne m’y connaissais pas encore en matière de stratégie digitale. L’année dernière, après avoir fait des recherches, après m’être formée et après avoir acquis de l’expérience à travers des projets que j’ai eu à mener, j’ai recommencé à publier sur la page. En appliquant les techniques apprises dans le cadre de certaines formations, je me suis rendue compte qu’il y a effectivement une audience, une tranche de la population qui est intéressée par les idées et les astuces pour se lancer dans l’entrepreneuriat. J’ai eu des retours, un accueil positif et c’est cela qui m’a donné envie de continuer.

Il faut dire qu’aujourd’hui le digital est devenu une grosse opportunité, et au-delà du fait de donner des astuces et autres, j’ai décidé de créer un business que je pourrai tenir en parallèle : former des gens pour leur transmettre mon savoir et mon savoir-faire en matière d’entrepreneuriat.

Donc derrière la page, il y a une véritable structure !

Au départ, le but n’était pas de rentabiliser la page. Au fil des publications, j’ai été sollicitée pour des accompagnements, des travaux particuliers comme l’élaboration de business plan, des études financières, le suivi des activités, etc.  Il faut dire qu’à un moment donné, c’est devenu prenant car les sollicitations se sont multipliées. Au départ, je le faisais gratuitement, en mode « freemium ». J’ai décidé de rentabiliser cette activité quand à un moment donné les personnes devenaient très exigeantes sans tenir compte de mon propre emploi de temps et du fait que ce soit gratuit.

J’ai quatre enfants, et j’ai un emploi ; donc le temps est ma ressource la plus précieuse. Alors pour filtrer et garder les personnes sérieuses et un minimum respectueuses de mon travail, j’ai décidé de facturer ce temps que je leur consacre. Toutefois, il y a encore des personnes qui bénéficient de conseils totalement gratuits de ma part sur leurs projets.


© La Boîte à Idée de PAM

En quoi consistent concrètement tes activités dans le cadre de cet accompagnement de ceux qui veulent entreprendre ?

Pour cet accompagnement, je propose plusieurs formules. La première concerne les études de marché pour les personnes qui veulent que je les aide à voir un peu plus clair dans leurs idées de projets pour estimer les chances de rentabilité de leur investissement. Une autre formule se focalise plutôt sur l’élaboration des business plan.

D’autres souhaitent plutôt un accompagnement dans la définition et le suivi de leurs objectifs relativement à un projet de vie ou d’entreprise. On définit les indicateurs ensemble et ensuite je leur donne une méthode de suivi pour s’assurer qu’ils sont en bonne voie vers l’atteinte des objectifs.
Il y a également des ateliers que j’organise, ils sont relatifs à tout ce que j’ai eu à faire comme activité génératrice de revenus. Parce que j’ai fait beaucoup de choses en matière d’entrepreneuriat, au regard de ma situation qui n’a pas toujours été aisée. Il a fallu à un moment que je réfléchisse à des voies et moyens pour permettre à mes parents de respirer financièrement et joindre les deux bouts. Et même une fois salariée, j’ai voulu trouver un moyen d’arrondir les fins de mois. Je me suis lancée dans la production de jus naturels, j’ai vendu des bijoux et accessoires de beauté/mode, j’ai fait dans la restauration, et plein d’autres choses. C’est cette expérience que j’essaie de capitaliser pour d’autres personnes dans mes ateliers.

Je dois avouer que je suis admirative, parce que je sais ce que c’est que de jongler entre travail et maternité ; c’est très prenant. Quel est le secret selon toi pour pouvoir gérer toutes ces activités la vie de famille ?

Alors😄, le secret c’est l’organisation. Si tu n’es pas organisée, il y a une activité qui prendra le pas sur les autres. Imagine que sur ton lieu de travail, au lieu de s’occuper de tes dossiers, tu t’occupes de tout ce qui est blog, tu passes le temps à répondre aux messages des personnes qui te contactent, il est clair que ton supérieur va te rappeler à l’ordre.

Il faut définir des heures, et profiter du temps libre s’il y en a pour jeter un coup d’œil aux messages et autres. Il faut bien définir tes priorités et si la priorité c’est ton travail, tu te consacres à tes activités secondaires le week-end ou pendant les heures creuses. Donc pour moi, il faut bien s’organiser et essayer au maximum de faire la part des choses.

Penses-tu qu’il est plus difficile de se lancer et de réussir dans l’entrepreneuriat quand on est une femme ?

Ta question me fait sourire parce que ça me fait penser à une thématique que j’ai l’intention d’aborder sur la page à l’occasion du 08 mars prochain. La réalité est que nous ne sommes pas égaux face à l’entrepreneuriat. Parce que la femme est l’épouse, la mère, bref elle a un statut particulier dans la société. Je prends mon cas par exemple. L’année dernière, j’ai été enceinte et c’était neuf mois en mode pause car je ne pouvais rien faire. La grossesse m’avait complètement chamboulée et je manquais d’énergie. Tu imagines donc une femme qui une entreprise et qui traverse une situation comme celle-là. Et même après l’accouchement, ce n’est pas fini.

Pendant au moins un an, l’activité est quasiment au ralenti. Or pour un homme, ce n’est pas pareil, il n’a pas ce genre de situation à gérer. Oui les hommes soutiennent les femmes, mais il y a la charge mentale, cet effort psychique que les femmes font : en plus de réfléchir à tes dossiers au travail, il faut penser à ce qu’on va préparer à manger pour la famille, les courses à faire, etc.

Ça n’a l’air de rien dit comme ça, mais toutes ces tâches au quotidien c’est assez fatiguant. La femme a des obligations et des attentes que la société lui assigne et elle ne peut pas véritablement se défiler, c’est son rôle.
Mais il faut souligner que les femmes ont une énergie incroyable, avec le peu de temps qu’elles ont pour mener des activités qui les passionnent, elles parviennent à faire des miracles ! C’est à se demander comment elles réussissent à faire ça. Elles ont cette capacité innée à manager les choses.


© La Boîte à Idée de PAM


Quel conseil donnerais-tu à un jeune désireux d’entreprendre mais qui se bloque en se disant qu’il faut forcément beaucoup de moyens ou qu’il y a sûrement beaucoup de démarches administratives ?

Je lui conseillerais d’abord d’oser se lancer, parce que tant que vous reportez à demain, tant que vous réfléchissez, votre projet perd un peu de sa magie. L’engouement et l’enthousiasme que vous aviez pour votre projet se dissipent. Aussi, si vous voulez démarrez quelque chose, la clé c’est la stratégie, comment le faire.

 Que les jeunes se disent toujours que là où il y a de la volonté, on arrive toujours à faire tout ce qu’on veut. Il y a un dicton qui dit que si ton cerveau l’a imaginé, cela signifie que tu es capable de le faire ; donc cassons les barrières, osons et trouvons le moyen de donner corps, de donner vie à nos rêves. On a vu plein de personnes sur lesquelles on n’aurait pas parié, réussir à réaliser leurs rêves. On a en nous toutes les ressources nécessaires, c’est juste la peur de ne pas y arriver qui bloque. Pourtant c’est juste une question de stratégie et de courage.

Retrouvez Priscille sur Facebook : La Boîte à Idées de PAM

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