Étant intéressée par tout ce qui concerne l’entretien des cheveux, je me suis abonnée à la page Facebook de Cynthia, il y a quelque temps. Cette jeune Camerounaise de 29 ans propose des produits capillaires créés par elle-même, et ce qui m’a intéressé, c’est le caractère bio des produits et la précision qu’elle fait par rapport à la porosité du cheveu. Alors, j’ai voulu en savoir plus sur cette maman entrepreneure et sa gamme de produits. Ça m’a fait très plaisir d’échanger avec elle et je pense que son parcours dans le domaine du cosmétique inspirera plus d’une… Bonne lecture !
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1- Dans quel domaine as-tu fait tes études et quelle est ton métier ?

Je suis Docteur en Sciences Biomédicales, j’ai soutenu ma thèse sur les maladies cardiovasculaires. Actuellement, je travaille comme Chercheur dans une université et mon champ d’activité porte sur les cellules souches.

2- Concrètement, c’est quoi Kank’s  Store ?

Alors Kank’s Store c’est une marque de cosmétiques capillaires conçue en fonction du type de porosité ; et ce sont des produits qui vont s’utiliser aussi bien sur cheveux afro crépu ou défrisé ; et également sur les cheveux caucasiens. Il y a deux principales gammes : la gamme Hibiscus pour les cheveux à porosité normale et forte, et la gamme Aloe Vera pour les cheveux à porosité faible. Il y a également des crèmes pour boucler les cheveux.




3- Qu’est ce qui t’a motivé à créer cette marque ?

Pour être totalement honnête, lorsque j’ai créé Kank’s Store à la base, c’était parce que je voulais commencer une activité d’entrepreneur ; je ne savais pas encore ce que je voulais faire. J’avais déjà un salaire, je venais de commencer ma thèse, et je me suis dit qu’il était temps de me lancer dans une activité. J’ai toujours aimé le commerce ; et vu que j’ai toujours été passionnée par le cheveu, j’ai commencé avec la vente des perruques.

Ensuite il y a eu ce besoin de fabriquer des produits. La raison étant que j’avais plein de produits dans ma salle de bain à un moment, et je n’étais pas vraiment satisfaite. J’étais un peu obsédée par le cheveu bouclé en fait et c’est une des raisons qui m’ont poussé à me raser, à passer du défrisé au naturel parce que je voulais vraiment avoir les cheveux bouclés. Sauf qu’à cette époque je ne connaissais pas bien la technique pour boucler les cheveux. J’utilisais des gels, et ça rendait mes cheveux secs et tout.

Donc je me suis dit : pourquoi je ne créerai pas moi-même une crème qui puisse me boucler les cheveux. Je ne savais pas comment on crée des crèmes et tout ; mais j’aimais beaucoup le cosmétique. J’ai commencé à me renseigner, regarder un peu sur Internet et je me suis dit ok je vais d’abord créer un après-shampooing, ça me paraissait plus facile. Ensuite j’ai fait des tests pour créer ma crème et c’est ainsi que ma Curly Cream est née😊.


4- Raconte-nous un peu comment tout a commencé, les débuts étaient-ils difficiles ?

Les débuts étaient difficiles, et d’ailleurs je considère que je suis toujours dans mes débuts bien que maintenant ça fait déjà quelques années et que j’ai déjà un peu plus de notoriété. Mais pour moi je suis toujours dans les débuts 😂, puisque le site web n’a pas encore été lancé et je ne suis pas encore au stade où j’aimerais être.

Dans un premier temps ça a été vraiment difficile, parce que quand j’ai créé la page, je n’avais pas d’abonnés, je ne connaissais personne.  Et à l’époque en plus, Facebook ne proposait pas encore le marketing pour les pages ; pour être connu il fallait en quelque sorte harceler les gens. C’était vraiment compliqué. Mais ce qui était chouette, c’est que quand je vendais des perruques, je n’avais pas vraiment besoin de convaincre les gens sur la qualité de quoique ce soit ; c’était des perruques que je ne faisais que revendre en fait. Grâce à ce commerce, j’ai commencé à avoir des vues, j’avais déjà une base de clientes.

Ce que j’ai fait ensuite quand je me suis lancée dans la fabrication de produits, c’est envoyer des échantillons à toutes celles qui achetaient des perruques. Je savais qu’on était déjà très nombreuses sur le marché donc je n’allais pas commencer à marteler que mes produits sont particuliers, etc. Surtout qu’on sait très bien que tu n’as pas de formation en cosmétique, donc pourquoi les gens se diront que tes produits sont top ? Du coup ayant misé sur la qualité de mes produits, ce qu’il me fallait c’est que les femmes testent et j’étais quasi-sûre qu’elles allaient être satisfaites. Alors j’ai investi et pendant plusieurs mois, je donnais gratuitement des échantillons de produits à beaucoup de personnes et c’est grâce à cela qu’ils ont commencé à être connus.


Une autre difficulté vient du fait que j’ai appris sur le terrain ; en Master j’avais prévu de me spécialiser en cosmétique mais pour d’autres raisons je n’ai pas pu le faire. Donc j’avais cette crainte de me lancer dans quelque chose que je ne connais pas. Ce n’est pas comme vendre des perruques ; ce sont des produits qui touchent le cuir chevelu des gens, tu n’es pas sûre de la qualité. C’est aussi une raison qui m’a poussé à être patiente et à permettre à un maximum de personnes de tester d’abord les produits sans les faire payer ; pour avoir leurs avis. J’ai attendu un an avant de commercialiser la première gamme avec notamment le lait hydratant à l’hibiscus ; mais maintenant avec l’expérience et les connaissances que j’ai acquises, je peux facilement mettre de nouveaux produits sur le marché sans attendre autant de temps.

5- Qu’est-ce qui, selon toi, rend ta gamme particulière au regard des nombreuses marques destinées au cheveu afro qui existent sur le marché ?

Mes produits sont conçus selon les trois types de porosité : faible, normale et forte. C’est important parce que selon votre porosité, le cheveu ne va pas absorber l’eau et d’autres composants de la même manière. Ce sont des produits faits à la main, ils sont bio. Je n’utilise qu’un seul conservateur et il y a très peu d’ingrédients synthétiques. Par ailleurs ce que je considère comme le must, c’est le fait que la matière première naturelle que j’utilise vient d’Afrique et du coup ça favorise l’économie locale dans les pays où je me fournis à savoir le Cameroun, le Sénégal et la Côte d’Ivoire.


6- Quelle est ta plus grande fierté depuis que tu as commencé cette activité ? 

Ma plus grande fierté c’est vraiment l’amélioration ; le fait que j’aie pu apprendre de mes erreurs, et comprendre au fil des années l’importance de la porosité. C’est cette perspective d’amélioration qui me pousse à chaque fois à développer de nouveaux produits, à ne pas penser que je suis arrivée , mais travailler davantage pour satisfaire un maximum de personnes. Mon objectif est que les femmes soient fières de porter leurs cheveux afro ; savoir qu’on n’a pas toujours besoin de défriser ses cheveux pour qu’ils soient beaux. Je reçois des témoignages de femmes qui, avec mes produits, sont plus à l’aise avec leurs cheveux et c’est vraiment ça qui me rend fière.

7- Un conseil à donner à celles qui aimeraient entreprendre, qui ont des idées mais qui hésitent à se lancer?

 Il ne faut jamais attendre d'être parfaite avant de se lancer; c'est l'une des erreurs que j'ai commises. Je me disais par exemple que je dois avoir une gamme complète avant de commencer la vente, mais non! Il vaut mieux commencer petit à petit avec les moyens qu'on a; si on a investi peu d'argent et qu'on se plante, ça fait moins mal que si on avait attendu d'avoir une grosse somme et que ça n'a pas marché. Faire avec ses moyens et s'améliorer au fur et à mesure.

Et aussi il faut beaucoup apprendre de ses erreurs et ne pas être pressée. Prendre le temps de bien apprendre ce qu'on veut faire, avant de vouloir toucher un grand nombre de personnes; vraiment cultiver la patience parce que si par exemple tu ne prends pas le temps de bien travailler tes formules et que tu vends tes produits à plusieurs personnes, ce sera compliqué si ces produits sont mauvais. Tu perds en crédibilité. Donc il faut éviter d'aller trop vite en besogne.




8- Peux-tu proposer une routine capillaire simple et des astuces pour celles qui ne s’y connaissent pas ou qui pensent que c’est trop compliqué d’entretenir le cheveu afro ? 

Pour la routine capillaire, je conseille de faire chaque semaine un bon soin hydratant et une fois par mois un bon soin protéiné pour fortifier vos cheveux. Dans les soins hydratants, je vous conseille de faire d’abord votre test de porosité, afin de bien savoir quel type de produit utiliser. Un masque hydratant par semaine, suivi, après rinçage d’un lait hydratant ; et on scelle cette hydratation avec une huile ou une crème de son choix. Si vous avez une forte porosité, il faudra favoriser des huiles comme l’huile de coco ; si elle est faible, vous avez plus de choix parmi les nombreuses huiles végétales qui existent.

Prendre soin du cheveu afro, ça parait difficile, mais en réalité c’est assez simple quand on a les bons gestes. Ne jamais peigner vos cheveux lorsqu’ils sont secs, toujours vaporiser avec de l’eau avant de se coiffer, démêler les cheveux quand ils sont mouillés, si vous avez mis un après-shampooing par exemple.  Et chaque fois que vous hydratez vos cheveux que ce soit avec un lait, une crème ou une huile, faites des tresses ; ça permet d’avoir les cheveux étirés et plus faciles à coiffer sans trop de casse.

9- Où peut-on trouver tes produits ? 

Les produits sont disponibles au Cameroun, à Dakar, en Belgique et en France. Ce sont des points de vente, vu que je n’ai pas de boutique. Donc on livre les produits en Europe et très bientôt ils seront disponibles au Etats-Unis. Le site web sera également lancé d’ici peu, et la compagnie sera basée aux Etats-Unis.

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